Un
collectif d’artistes a investi l’ancien garage Renaut avenue Jean-Jaurès à
Moret, pour transformer les murs en véritables toiles, ouvert au public pour
les Journées Européennes du Patrimoine 2025. Pour ceux qui ont raté la visite, un
second rendez-vous est prévu les 29 et 30 novembre 2025.
On appelle une intervention d'artistes dans un lieu
abandonné comme ce garage désaffecté une performance in situ ou une installation
in situ. Le terme "in situ" signifie littéralement "sur
place" en latin, et il est utilisé pour décrire une œuvre d'art qui est
créée et pensée spécifiquement pour un lieu donné.
C'est une pratique courante dans l'art contemporain qui vise à établir un
dialogue entre l'œuvre et son environnement, qu'il s'agisse d'un espace public,
d'un lieu historique, ou d'un bâtiment en friche.

Arnaud Katset, artiste peintre qui habite Moret, a pris
l’habitude de travailler avec la ville de Moret-Loing-et-Orvanne pour notamment
la réalisation de fresques ou des ateliers avec les jeunes de la ville. Il a
appris que la ville avait préempté
l’ancien garage Renault avenue Jean-Jaurès pour un futur projet. Il a
donc rencontré la Mairie et le Maire Dikran Zakeossian pour utiliser ce lieu
temporairement, pour faire venir des artistes avant sa destruction. Son but est
de créer un lieu alternatif, un laboratoire vivant, un lieu de rencontres, à la
fois pour des artistes locaux qui ont
envie de se prêter au jeu de l’appropriation d’un espace et de travailler
in-situ, et d’autres artistes qui sont plus aguerris dans la recherche de
friches et de s’y investir et qui ont l’habitude de travailler dans l’art
urbain.
C’est une
rencontre entre plusieurs pratiques, mais aussi avec l’idée à travers ce projet
de casser les carcans établis, qui sont celui de l’art urbain tel que l’on peut
l’imaginer du graffiti, mais aussi des
artistes avec du dessin plus classique comme par exemple Frédérique Lorne. Un
lieu avec de l’émulation, des échanges où l’on parle d’art. Les intervenants
ont à la fois une qualité plastique mais
aussi une qualité dans la démarche qui est assez aboutie. Des jeunes de la
ville ont pu intervenir sur une fresque ici et mettre en avant leur talent.
Pour cette première édition, il n’y a qu’une partie du
lieu qui a été ouverte, mais pour la prochaine, deux espaces vont être établis,
et les œuvres existantes évolueront.
Les
artistes présents :
Greyg, est
axé sur le corps avec un travail assez sombre, beaucoup de travail de fusain, intervient
aussi dans l’espace public. Chaque œuvre est autonome, mais ensemble elles composent
une séquence : une succession d’états de corps et d’âmes.
Oskar, travail
d’abstraction, de déconstruction de la lettre et une recherche abstraite avec
différentes matières, et une gestuelle qui découle de celle du graffiti mais
qui a été complètement revisitée et déconstruite pour en faire une forme et un
dialogue entre ces formes qui s’adaptent à l’espace.
2flui,
spécialisé dans la calligraphie, il peint depuis de nombreuses années, il a un
mélange entre le graffiti et la calligraphie arabe. Du Street-art au Land-art,
il travaille avec passion et patience sur des œuvres pourtant éphémères, vouées
à être effacées, recouvertes, déplacées, voire volées.
Horor, il
est axé sur l’animal, mécanique, le côté très organique de son travail,
spécialisé dans un travail à la fois assez vaporeux, qu’il vient retracer avec
des lignes noires qui viennent contourner toutes les volutes.
Rea a
un style reconnaissable en tous, un explorateur de friches, chevronné qui fait
cela depuis de nombreuses années et qui travaille sur les vortex qui sont très
dynamiques. Autodidacte, il transfigure les lieux abandonnés et les friches industrielles.
Katset,
travaille sur l’univers du corps principalement, pour ce projet il a choisi des trains de frets comme supports, sur la
notion des normes de libertés individuelles aujourd’hui, et une représentation
du corps dans notre société, il peint des corps qui ensuite voyagent et qui
amènent sur une réflexion de liberté. Entre techniques classiques et urbaines
qui confèrent à ses oeuvres un aspect singulier mais contemporain.
La
Fleuj, plasticien autodidacte et pluridisciplinaire, a
développé une démarche de création personnelle nourrie par la science-fiction,
qu’il utilise comme outil critique pour interroger l’humain et la figure du
monstre dans nos sociétés contemporaines.Il revisite le corps, l’organique, la
notion parfois de ce qui peut être choquant ou pas dans une image, et d’en
rendre quelque chose de vivant.
Frédérique
Lorne, artiste peintre connue de la région, travaille sur le
corps, elle met en pratique ses questionnements artistiques et humains. Avec
ses pinceaux elle solutionne couleur, silence, mouvements et corps. Elle traduit
l’émotion de l’intime qui surgit, la fascine et la tourmente. C’est une
recherche infinie. Ici, elle se prête au jeu de l’installation avec un travail
in-situ, chose qu’elle n’avait jamais faite.
Prochain
rendez-vous les 29 et 30 novembre 2025