Pour sa dernière exposition, l’espace de création Le Mur de Virginie Prokopowicz accueille Arnaud Cohen, sculpteur et plasticien. Il nous présente « Effacements » jusqu’au 2 novembre 2024.
Après la fin de la galerie Espace Regards, c’est donc un autre lieu d’art contemporain qui disparaît sur Moret-Loing-et-Orvanne.
Arnaud Cohen est un artiste Franco Portugais né en 1968.
Présenté par Valérie Duponchelle comme l’une des dix personnalités qui
réinventent la culture (Le Figaro, Fev 2015), il aborde à travers son travail
ultra contemporain le sujet de la responsabilité individuelle dans
l’édification de destins collectifs. Il puise et se réfère tout autant aux
situationnistes et à Édouard Glissant qu’aux allégories et à la mythologie. Sa
pratique appropriationniste le porte vers des formes sociales et esthétiques
aussi diverses qu’une fondation, une piste de danse ou une émission de
télé-réalité. Arnaud Cohen vit et travaille entre la France et L’Espagne et est
depuis 2019, un membre de la Royal Society of Sculptors de Londres.
Arnaud
Cohen/Effacements
Tout doit disparaître est le slogan préféré des commerces en période de soldes
: cette injonction à une débauche d’achats vise à liquider les stocks avant la
prochaine fournée de marchandises, nos sociétés de consommation étant
condamnées à en produire indéfiniment de nouvelles et à s’en défaire au plus
vite pour fonctionner et perdurer, se servant au passage de l’obsolescence
programmée comme lubrifiant dans les rouages du système.
Tout doit disparaître est aussi ce que prédit le néon qui accueille le visiteur
dès l’entrée de l’exposition. Mais la formule vise ici l’inéluctable
anéantissement de toute chose, a fortiori de toute société humaine. Après tout,
ce n’est qu’une question de durée. Avec Effacements, l’artiste nous promène, à
travers des œuvres pleines de mélancolie lucide et d’ironie savante, parmi les
traces des gloires pathétiques d’un monde au bord du gouffre.
Arnaud
Cohen :
« Ce que je fais est assez simple, je
colle des idées et pour se faire j’utilise essentiellement des objets qui existent
déjà, parce que j’estime qu’il y a trop d’objets en circulation sur notre
planète, et qu’on peut bien produire de nouvelles idées, à coller ensemble des
choses qui dégagent un sens supplémentaire, un sens nouveau sans pour autant
avoir à produire à nouveau de nouvelles choses.
Par ailleurs les moyens en question n’ont rien à voir avec la fin, la fin c’est
le message, je vais choisir pour le message que je vais faire passer, les
objets, qui à mon sens correspondent le mieux, donc parfois c’est de la vidéo,
parfois des tapisseries que je recycle, des tapisseries qui sont méprisées dans
les salles de vente. Je leurs donne une seconde vie, un intérêt nouveau en
intervenant dessus, en faisant des nouvelles broderies dessus ou en collant des
images produites par intelligence artificielle. Pour les sculptures c’est
pareil, je sauve des bustes qui sont des tirages de personnes handicapées afin
de produire pour elles des corsets. Ces
bustes ont pour moi déjà une valeur artistique intéressante, car depuis l’antiquité,
on ne produit que des corps parfaits, alors que nos corps sont beaucoup plus
proches des corps handicapés que des corps parfaits que l’on nous présente dans
les vitrines. Je propose ces corps là dévalorisés mais qui nous ressemblent beaucoup
et qui sont des abris imparfaits, comme nos corps sont des abris imparfaits
aussi bien qu’en imperfection esthétique mais aussi de durabilité dans le temps.
Je propose donc ces corps là, et j’en fais des abris pour autre chose, je
creuse à l’intérieur des niches et dans ces niches je loge des fragments de
sculptures antiques eux aussi méprisés. Je
fais passer là encore un message avec une économie de moyens, qui est ma façon
de m’intégrer aux exigences de l’époque. »
INFOS
PRATIQUES
Exposition du 14 septembre au 2 novembre 2024
Vendredi, samedi, dimanche et jours
fériés de 15h à 19h
Entrée libre
Contact@lemurespacedecreation.com
www.lemurespacedecreation.com